À la veille de l’ouverture du Sommet de la Terre de Rio+20, le Secrétaire général de la FICDC, Charles Vallerand, participait le 19 juin dernier à une conférence organisée par CGLU sur le thème « culture et durabilité ». L’association internationale joue depuis sa fondation un rôle de premier plan pour faire reconnaître la culture comme 4e pilier du développement durable (avec l’économie, le social et l’environnement). Les membres de CGLU qui sont aussi bien des villes que des associations de gouvernements locaux représentent près de la moitié de la population mondiale aujourd’hui en majorité citadine. Ces acteurs subétatiques sont donc appelés à jouer un rôle de plus en plus important que les instances internationales se doivent de reconnaître. Attestant de la richesse des réseaux tissés par CGLU, la rencontre internationale de Rio réunissait des acteurs de haut niveau concernés par cet enjeu de la reconnaissance du rôle de la culture dans le développement durable. Nous avons voulu en savoir plus en interrogeant Jordi Pascual, coordonnateur de l’Agenda 21 de la culture de CGLU. 1- Très brièvement, quel est le rôle de CGLU dans le domaine culturel ? C’est en septembre 2004 à Barcelone que l’Association internationale Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) adoptait un Agenda 21 de la culture. Dans cette déclaration, des villes et des gouvernements locaux posaient les bases d’un engagement formel en faveur du développement culturel. L’adoption de ce document fut possible grâce au leadership (de septembre 2002 à mai 2004) de quelques villes à travers le monde, dont Porto Alegre, Montréal, Paris, Barcelone et Dakar. Il répondait au besoin d’un texte fort qui vise spécifiquement les enjeux locaux et qui soit complémentaire et en accord avec les objectifs de la Convention sur la diversité des expressions culturelles qui se négociait alors à l’UNESCO. Depuis 2004, CGLU s’efforce de faire connaître le plus largement possible les principes de son Agenda 21 de la culture, notamment par de la formation, le renforcement des capacités et la production de documents de recherche. Afin de rallier la communauté internationale, CGLU est présente à l’UNESCO et participe depuis 2010 aux travaux préparatoires de la Conférence de Rio+20 de 2012. Dans ce dernier cas, l’un des objectifs était d’influencer le contenu du document final afin que soit reconnu le rôle que joue la culture dans le développement durable. 2- Quels étaient les objectifs de la Conférence que vous avez organisée avec le ministère brésilien de la Culture en marge de Rio+20 ? La Conférence du 19 juin dernier a permis un échange très riche de points de vue sur le rôle indéniable de la culture dans le développement durable. L’idée était de mettre en relation les acteurs qui travaillent sur le lien entre la culture et le développement durable, qu’ils soient de la société civile (comme la FICDC), des organisations internationales (comme l’UNESCO), des villes (comme la CGLU) ou des gouvernements nationaux (comme le gouvernement du Brésil). Il faut dire que pour l’instant encore trop peu d’acteurs sur le terrain se sont approprié le discours sur l’importance du rôle de la culture dans le développement durable. 3- Quels ont été les résultats ? Les résultats du Sommet Rio+20 sont peu encourageants étant donnée l’absence d’accord multilatéral et d’engagements contraignants. Toutefois, le document final contient des avancées notables pour les villes et les gouvernements locaux, en reconnaissant le rôle présent et à venir des autorités locales et régionales dans l’ordre du jour du développement durable, une revendication de longue date de CGLU. Le document mentionne aussi le rôle de la culture comme une composante du développement des villes. Cependant, dans l’ensemble de la déclaration finale la relation entre la culture et le développement durable est très peu mise en évidence. En effet, la formulation du paragraphe 41 « Nous prenons acte de la diversité naturelle et culturelle du monde et reconnaissons que toutes les cultures et toutes les civilisations peuvent contribuer au développement durable » est tout simplement pauvre et insuffisante. Néanmoins, le fait que les objectifs de développement durable ne soient pas précisés dans le texte final est de bon augure pour la suite. En effet, les débats à venir d’ici à 2015, date à laquelle devront être redéfinis les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), devraient inclure une reconnaissance de la culture comme 4e pilier du développement durable. 4- Quelles prochaines étapes prévoyez-vous pour affirmer la reconnaissance internationale du lien entre culture et développement durable ? Rio+20 appelle à une complémentarité des objectifs de développement durable avec les Objectifs du Millénaire (OMD) qui viennent à échéance en 2015. Après 2015, les États devront donc convenir d’un nouvel ensemble unique d’objectifs pour le développement. Il y a alors une opportunité à saisir pour que la culture soit reconnue comme partie intégrante du développement durable. Les prochains rendez-vous importants pour CGLU dans ce dossier seront notamment une conférence sur la culture et le développement durable organisée en 2013 à l’UNESCO, ainsi que l’adoption d’un nouvel Agenda 21 de la culture en 2014. La société civile semble de plus en plus consciente de l’importance de ces enjeux. Mais beaucoup de travail reste à faire pour que l’ensemble des milieux culturels s’approprie ce discours. En effet, le rôle d’affirmer clairement la volonté de ne pas être exclus des objectifs de développement revient, d’abord et avant tout, aux différents milieux culturels. C’est pourquoi CGLU poursuivra, au cours des prochaines années, sa campagne mondiale de sensibilisation auprès des organisations internationales, des États, des villes et de la société civile. Entrevue avec Jordi Pascual de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) - http://www.cdc-ccd.org/Culture-et-developpement-durable-a?lang=fr |
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